Le côté sensationnel de l’expédition m’a tout de suite séduite, je me voyais déjà fouler de mon petit pas hésitant les vastes espaces verdoyants bordant les cimes blanches et escarpées.
Rétrospectivement, cette aventure s’est avérée différente de ce que j’imaginais.
Différente ? En mieux.
Je me souviens du regard noisette des chamois croisés au hasard du chemin. Du pelage fauve des marmottes qui nous regardaient de leur petit air ahuri si mignon.Je me souviens également de quelques paysages, très précis.
Bouquetin, Argentières, Chamonix-Mont Blanc, Alpes, France © Grégoire Wallaert
Ils sont restés ancrés dans ma mémoire, vous savez, comme ces petites choses dont on se souvient depuis l’enfance, choses dont l’importance peut être remise en question, et qui, pourtant, ont fait de nous ce que nous sommes.
Je me souviens du lac Blanc, de l’eau d’un bleu azur si pur qu’il faisait presque mal aux yeux. La lumière du soleil d’été donnait à cet endroit un aspect paradisiaque. Tout semblait si beau. D’une perfection naturelle.
Je me souviens également des petits ruisseaux, qui cascadaient ça et là sur les roches brutes. Ils étaient vifs et violents, comme de longs serpents étincelants, gardant farouchement la montagne des malotrus, et récompensant de leur fraicheur les randonneurs exténués.
Mais, s’il y a une vision que je voudrais faire partager à travers ce récit, c’est celle des nuages. Ces ambitieux nuages qui veulent atteindre le sommet.
Vous voulez savoir, ce que mon compagnon et moi avions ressenti, lorsqu’au petit matin nous avons vu l’aurore rosée jeter sur eux ses feux parsemés d’or?
Nous nous sentions petits, très petits, face à la nature.
Vous connaissez le tableau de Friedrich, le voyageur ?
Nuages au sommet du Mont Blanc, Alpes, France © skeeze
C’était à peu près ça. Voir devant soi une mer de nuages battre les flancs d’une montagne imposante, majestueuse.
C’était féérique.
Le poids des sacs de randonnée, les ampoules aux pieds, les douches irrégulières, le froid des nuits passées sous la tente, les fringales, la fatigue, tous ces détails qui font partie du « reste » du voyage ne méritent d’être énoncés que pour préciser qu’après une journée de marche intensive sans grandes provisions, même la plus basique des soupes nous semblait être un vrai festin.
Que le froid n’était qu’un prétexte de plus pour nous rapprocher.
Après un voyage comme celui-ci, on s’aperçoit aisément que notre petit confort quotidien prend tellement de place dans notre vie qu’on en oublie l’essentiel; regarder la beauté des choses qui nous entourent, sans artifice, sans superflu.
Mont Blanc et paysages des Alpes en été, France © Xingu Photo
Ce que j’ai gagné pendant le tour du Mont Blanc ? Un regard neuf. Ébloui.
L’amour de la montagne, de son côté épique et grandiose. Un superbe bronzage.
Et des souvenirs inoubliables…