Je ne suis encore qu’à l’aéroport et déjà les paysages alentours ne sont que forêt à perte de vue. Je souris intérieurement car à ce moment-là que je sais que je me trouve dans un endroit assez incroyable, où tous mes repères perdent leur sens. Et ce besoin nouveau de devoir s’asperger toutes les heures pour supporter les 40 degrés et les 80 % d’humidité contribue à la beauté des lieux.
Après une courte nuit, me voici en bateau au cœur de la forêt amazonienne. L’eau, d’un brun sombre, est étonnamment très douce. Car tout est différent ici. La forêt est luxuriante, les oiseaux rares. Des cabanes traditionnelles sur pilotis surplombent la large rivière et me laissent entr’apercevoir la vie de leurs habitants : j’envie ces enfants jouant dans la rivière, et j’admire la manière de cuisiner de ces habitants des berges.
Lodge, Amazonie, Équateur © Dan (CC BY-SA 2.0)
Le moteur du petit bateau s’arrête et nous marquons une pause. Un petit restaurant « touristique » nous accueille en bord de rivière. On m’y sert un crabe entier, moi qui suis plutôt habituée aux petites portions européennes. Au milieu du repas, mon amie brésilienne me lance « déshabille toi, on plonge ». J’en reste sans voix, plonger dans cette rivière inconnue ? Je pensais d’ailleurs que le maillot de bain était la tenue conseillée pour prévenir d’éventuelles éclaboussures sur le bateau, je n’ai donc pris que le bas de mon maillot. Sa sœur compatit et me donne son bikini. Je suis obligée de plonger !
Je me change alors dans une petite cabane en bois au milieu de la forêt. En bruit de fond, seuls les déplacements légers et sinueux des animaux rampants brisent le silence assourdissant de cette partie de la forêt. Ne serais-je pas plus en sécurité en dehors de cette cabane ? Autant voir le danger plutôt que de l’imaginer.
Je retourne d’un pas rapide vers le restaurant où tout le monde m’attend et me regarde. Sans un mot, avec juste un regard d’invitation, mon amie se dirige vers la rivière. Elle plonge. J’ai chaud. Je plonge. L’eau est tellement douce et propre, ça contraste avec cette couleur de boue.
Village en Amazonie, Colombie © Justus
Je lui demande alors, la tête hors de l’eau « il n’y a pas de danger ? Et les serpents ? ». Elle me répond « je préfère ne pas y penser. Et ne t’inquiète pas, les caïmans ne viennent pas sur cette partie de la rivière». Je ne demande qu’à la croire. Ma gorge se serre mais je ne peux me résoudre à sortir. L’eau est bien trop bonne et c’est une expérience beaucoup trop belle.
C’était une escapade magique et inoubliable. J’y retourne l’année prochaine, équipée complètement cette fois.
Photo de couverture : Maisons au bord de la rivière Yanayacu, Amazonie, Pérou © Discover Corps (CC BY-ND 2.0)